Il est ahurissant de constater qu'une nation qui se dit respectueuse des lois menace d'envahir le sièger de la mission diplomatique de l'Equateur, à Londres, pour s'emparer de Julian Assange, fondateur de Wikileaks, dont la Suède demande l'extradition pour des accusations d'ordre sexuel. Commment aurait-t-on pu imaginer qu'un pays-membre de l'Union européenne oserait proférer une telle menace qui va à l'encontre des principes admis depuis des siècles dans les relations internationales? Ils ont été clairement définis dans la Convention de Vienne de 1961 lorsque tous les pays ont affirmé que les légations diplomatiques sont inviolables. Peu importe la raison pour laquelle une ambassade ou un consulat accorde l'asile à une personne qui se dit en danger. Ce droit est sacré.
Dans le cas de Julian Assange on peut se demander, comme l'a souligné le ministre équatorien des Affaires étrangères, si cet homme ne serait pas en danger une fois livré aux autorités britanniques. Celles-ci font valoir qu'elles ont reçu une demande d'extradition de la Suède et qu'une loi approuvée par le Parlement en 1987 les autorise à remplir leur mission en toute circonstance. Le gouvernement de sa Gracieuse Majesté ne s'embarrasse guère de scrupules pour détourner la Convention de Vienne. Un tel cynisme laisse à penser que Julian Assange finirait par être remis d'une manière ou d'une autre aux Etats-Unis, trop heureux d'avoir entre les mains celui qui a diffusé sur internet plus de 700 000 documents plus ou moins confidentiels. Ils ont déjà sous les verrous le soldat américain Bradley Manning, accusé de vol, qui passera en conseil de guerre au mois de septembre.
La Grande-Bretagne a fait un mauvais calcul. A l'exception du Canada et des Etats-Unis, tout le continent américain a immédiatement accordé son soutien sans faille à l'Equateur. Comment pouvait-il en être autrement? L'arrogance avec laquelle le gouvernement britannique s'est adressé à un "petit pays sud-américain", qui fait la moitié de la France, méritait une réponse cinglante de toute l'Amérique latine. Ni les communistes au pouvoir à Budapest n'ont envahi l'ambassade des Etats-Unis en 1956 ni les Khmers rouges n'ont osé entrer dans l'ambassade de France en 1975. Le Royaume Uni de la Grande-Bretagne et de l'Irlande du Nord voudrait-il employer la manière forte pour imposer sa volonté? L'enjeu est risqué.
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