Triste destin du Paraguay
D'une superficie de 406 752 km2, le Paraguay est devenu en quelques années le cinquième producteur mondial de soja. Enclavé entre le Brésil, la Bolivie et l'Argentine, il n'a pratiquement pas d'industrie. Tout le pouvoir économique appartient à de gros propriétaires terriens, les tierratenientes, qui exportent l'essentiel de leur production et à des commerçants qui s'enrichissent avec les bénéfices de la contrebande. Ce sont eux qui viennent de porter au pouvoir Horacio Cartes, un entrepreneur millionnaire de 56 ans. Surnommé le "Berlusconi paraguayen", il entrera en fonction le 15 août. Elu avec 46% des voix, il bénéficiera de la majorité au Parlement. "Nous avons repris le pouvoir et pour toujours!", proclament ses partisans du Parti Colorado qui a gouverné le Paraguay pendant soixante et un ans dont les trente-cinq ans de la dictature du général Alfredo Stroessner (1954-1989). Seule parenthèse: la présidence de Fernando Lugo, l'ancien "évêque des pauvres", de 2008 à 2012.
Les commentateurs politiques qui s'acharnent à dénigrer le "chavisme" au Venezuela devraient relire l'histoire du Paraguay pour mieux comprendre les réalités de l'Amérique latine.Ce pays bilingue dont les langues officielles sont l'espagnol et le guarani a dû sans cesse résister aux pressions de ses grands voisins, l'Argentine et le Brésil, pour sauvegarder son indépendance. Depuis une cinquantaine d'années ce sont les Brésiliens de l'industrie agro-alimentaire, propriétaires de vastes plantations de soja à l'est du pays, aux abords desquelles vivent plus de 200 000 petits paysans brasiguaios, qui exercent une influence déterminante à Asuncion. Elu Dictateur Suprême de la République, trois ans après l'indépendance du Paraguay, en 1811, José Gaspar de Francia avait gouverné le pays jusqu'à sa mort en septembre 1840. Surnommé carai-guazu, le grand seigneur, il avait brisé le pouvoir des propriétaires fonciers en remettant leurs terres en fermage à de petits propriétaires. La création des estancias de la patria fut le résultat de la première réforme agraire véritable de l'Amérique latine.
lundi 6 mai 2013
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