La leçon d'un jésuite catalan en Bolivie

Le président Evo Morales a offert  au pape François, à l'occasion de son voyage en Bolivie, une reproduction en bois du Christ crucifié entre la faucille et le marteau. Sur les photos prises au cours de la cérémonie le Saint Pontife semble perplexe. La sculpture originale est l'oeuvre d'un jésuite catalan, Luis Espinal i Camps, kidnappé par un groupe paramilitaire le 21 mars 1980. Son corps fut retrouvé le lendemain au bord d'un chemin dans la banlieue de La Paz. On lui avait tiré 14 balles dans la poitrine dont les impacts dessinaient une croix. Arrivé en Bolivie en 1968, il était devenu un des principaux théologiens de la libération en Amérique latine. Courageux, il menait un combat inlassable en faveur des droits de la personne humaine et des populations les plus favorisées. En s'arrêtant sur le lieu où il fut retrouvé, mort, le pape François a évoqué "un de nos frères victimes d'intérêts contraires à la liberté". Le père Luis Espinal i Camps alla très loin dans son combat. Il avait compris  par son expérience que chrétiens et communistes du peuple pouvaient se rapprocher pour construire une société meilleure. Ce sont ceux  au pouvoir qui finissent souvent par détruire les plus beaux rêves. Auteur de quinze livres en espagnol, le jésuite de La Paz mérite d'être lu et étudié. Son Christ sculpté sur la croix est un symbole très fort.