dimanche 17 mai 2015

La honte de la France en Haiti

Nicolas Sarkozy avait passé quatre heures à Port-au-Prince, en février 2010, après le tremblement de terre  qui fit plus de 250 000 morts. C'était la première visite d'un chef d' Etat français depuis l'indépendance d'Haïti en janvier 1804. Ce mois-ci le président François Hollande a passé lui aussi quelques heures dans le seul pays francophone indépendant des Amériques, après avoir eu un entretien à La Havane avec Fidel Castro. Décidément la France, qu'elle soit de droite ou de gauche, ne parvient pas à surmonter la honte de son passé colonial. Dans le cas de ce pays de quelques millions d'habitants dans la mer des Caraïbes, elle est d'une gravité indigne du siècle des Lumières et de la Révoluion de 1789. Pour reconnaître l'indépendance d'Haïti,  la colonie la plus riche de son empire, le roi Charles X exigea dans une ordonnance en date du 17 avril 1825 une indemnité de 150 millions de francs-or, soit l'équivalent de 17 milliards d'euros, pour dédommager les colons français dont les biens avaient été endommagés ou expropriés, sans compter sur une remise de 50 pour cent sur les droits de douane pour tout navire battant pavillon français. Comme les Etats-Unis, après le triomphe de la Révolution cubaine,  la France menaça la jeune république que ses esclaves  avaient libérée par les armes de la soumettre à un blocus total. Enseigne-t-on à la Sorbonne cette page de l'histoire? Le peuple haïtien a subi dans sa chair les conséquences dramatiques de cet égoïsme colonial. Pourtant, malgré la misère insupportable qui règne dans le pays depuis deux siècles, il reste un des foyers culturels et artistiques les plus riches du continent américain. Peintres naïfs, poètes et romanciers témoignent de sa vitalité exceptionnelle. N'oublions jamais Haïti.

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