L'outrecuidance des dirigeants occidentaux

Sans publicité intempestive Moscou a fait connaître la liste des 89 personnalités politiques européennes qui ne peuvent plus entrer sur le territoire russe. En tête, dix-huit Polonais, suivis de neuf Britanniques. Quatre Français sont interdits de séjour. L'Union européenne a aussitôt réagi, le 30 mai, pour qualifier cette décision de "totalement arbitraire et injustifiée". Chef de file des députés PS, Bruno Le Roux a dénoncé pour sa part un "acte d'hostilité envers l'Europe, envers la France, envers le Parlement". Il faut être sacrément hypocrite pour reprocher à Vladimir Poutine ce que les dirigeants occidentaux ont été  les premiers à mettre en pratique l'année dernière. En réaction à l'annexion de la Crimée, Bruxelles avait alors établi une "liste noire" de 151 citoyens russes, civils et militaires, interdits de visas. Les médias avaient donné le retentissement nécessaire à cette décision patronnée par les Etats-Unis. L'opinion publique n'avait évidemment jamais su ce qu'il était reproché à chacune des personnalités choisies. Dans le cas de la liste établie par le Kremlin, il n'est pas difficile de comprendre pourquoi Bernard Henri-Lévy, agitateur indécrottable, se voit désormais privé de vacances ensoleillées sur les rives de la mer Noire.